Face aux réponses jugées parfois inadéquates dans la lutte contre les effets de changement climatique, notamment sur le plan national, les pouvoirs publics de cette partie du continent africain disposent désormais d’un outil qui servira comme référence dans la prise de décision pour une gestion durable et le recyclage de ce polluant.
Par Aimable Twahirwa, à Nairobi
Cette interface science-politique pour la gestion des déchets plastiques qui vient d’être officiellement lancée en marge de la 5e Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE-5.2) à Nairobi au Kenya, est encadrée notamment par une structure de gouvernance qui promeut des interactions à travers le partage des connaissances scientifiques opérationnelles auprès des acteurs étatiques et non étatiques.
Mauvaise compréhension
Les estimations du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) montrent que la majorité du plastique en Afrique Subsaharienne est soit brûlée, soit mise en décharge, et de grandes quantités de plastique se retrouvent dans les rivières, les ruisseaux et les lacs, pour finir dans l’océan. Des experts réunis en marge des pourparlers au sujet d’un traité international sur les plastiques lors de la 5e Assemblée des Nations unies pour l’environnement (ANUE-5.2) tenue à Nairobi, sont persuadés que les résultats de la recherche scientifique ne sont pas souvent comprises ni exploités par les décideurs politique faute d’une mauvaise compréhension.
D’après Mohammed Abdelraouf, président du groupe d’experts en matière de la science et la technologie pour le compte du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), la mise en évidence des risques engendrés par cette pollution plastique doit se baser sur des données scientifiques probantes susceptibles d’aider les pouvoirs publiques dans la prise de décision. Les récentes estimations des experts montrent que les déchets plastiques constituent un problème important au niveau mondial, mais particulièrement en Afrique subsaharienne. Selon les chiffres, plus de 17 millions de tonnes de déchets sont générés chaque année par l’Afrique subsaharienne ; cependant, seuls 12 % des déchets plastiques sont recyclés.
Connaissances scientifiques
Si la position d’un décideur publique sur un enjeu technique pour lutter contre la pollution plastique sera d’autant plus crédible qu’elle repose sur des connaissances scientifiques, Abdelraouf soutient qu’il y a des lacunes à combler pour que cette interface science-politique soit encadrée par une structure de gouvernance efficace en Afrique.
« Cet outil reste indispensable dans la prise de décisions bien informées sur l’environnement tout en mobilisant les acteurs appropriés en vue d’atteindre les objectifs de développement durable », a-t-il déclaré.
Si les connaissances scientifiques seules ne suffisent pas à résoudre la crise climatique suite à la pollution par les plastiques, les avis sont unanimes que l’adoption des approches innovantes permettant le partage de connaissance entre les scientifiques et les décideurs politiques restent indispensables.
« Il est essentiel que les décideurs fondent leurs politiques et leurs actions sur les meilleures connaissances disponibles », observe Bérangère Abba, Secrétaire d’État français auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée de la Biodiversité.
Alors que le processus vise à faciliter l’échange de preuves scientifiques en matière de recyclage des déchets plastiques et à les replacer dans le contexte national, Abba souligne l’importance de s’assurer que cette culture de prise de décision fondée sur des preuves soit respectée.
«Dans le contexte actuel, les options politiques pour le recyclage des déchets plastiques existent, mais certains pays ont encore besoin d’intégrer une dimension scientifique », a-t-elle affirmé dans un point de presse.
Recommandations scientifiques
Le PNUE estime dans son récent rapport que la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige la coopération d’une multitude de décideurs ayant des priorités divergentes, ainsi que de scientifiques issus d’un large éventail de discipline, avec une compréhension globale des interactions existantes entre des objectifs parallèles.
Rachel Bezner Kerr, Professeur associé dans le domaine de Développement Global à l’Université américaine de Cornell qui est également membre de l’une des équipes de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme que la communication scientifique a un rôle important à jouer pour que les décideurs puissent assimiler des recommandations scientifiques. Selon elle, l’important reste de déterminer les connaissances pertinentes nécessaires à la conception de solutions au niveau des sphères politiques face aux différents problèmes liés à l’environnement. Proposée par le Rwanda, le Pérou, le Japon et l’Inde, la résolution visant à mettre fin à la pollution plastique a occupé le devant de la scène lors des discussions du forum mondial sur l’environnement de trois jours dans la capitale Kenyane, Nairobi , au-delà d’autres défis écologiques urgents tels que le changement climatique et la perte de biodiversité.
.……………