A l’origine de cette décision aux conséquences environnementales importantes, la faiblesse des autorités dans la surveillance de l’espace afin d’assainir le secteur.
Par la Rédaction
Les produits de la pêche en provenance du Cameroun ne seront plus les bienvenus sur le marché de l’Union européenne (UE). C’est une décision, du moins une interdiction baptisée « carton rouge » prise le 29 décembre 2022. Celle-ci concerne tous les produits y compris ceux jouissant de certificats de capture validés par les autorités nationales, peut-on lire sur ec.europa.eu, site de la commission de l’union européenne.
La décision est motivée par « la persistance de graves lacunes » identifiées depuis 2021, dont l’impossibilité des autorités camerounaises à surveiller la pêche nationale et à y combattre l’illégalité.
Le Cameroun est le quatrième pays après le Cambodge, les Comores et Saint-Vincent-et-les-Grenadines de la liste noire de l’UE qui ne coopèrent pas en matière de lutte contre la pêche Illicite, non Déclarée et non Réglementée (INN).
Pour la Commission de l’union européenne, la pêche illicite est l’une des menaces les plus graves pour l’exploitation durable des ressources aquatiques vivantes et pour une meilleure gouvernance des océans. Elle représente également un danger majeur pour l’environnement marin et la biodiversité.
Ce que reconnaît le Dr Gordon Ajonina, joint au téléphone ce jour. Pour cet expert en conservation des écosystèmes marins et des mangroves par ailleurs, coordinateur national de Cameroun Wildlife Conservation Society (CWCS), c’est un coup très dur pour l’économie qui perd un marché d’envergure qu’est celui de l’UE. Même si l’on n’a pas de chiffres exactes sur le secteur pêche national disponible au ministère de l’Elevage des Pêches et des Industries animales, plus préoccupé par l’élevage.
Quelques jours avant le carton rouge de l’Union européenne, le 13 décembre 2022, le ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), en collaboration avec la CWCS, lançait à Mouanko dans le département de la Sanaga maritime, région du Littoral au Cameroun, le projet « Soutien à la gestion efficace et à la surveillance communautaire dans l’aire marine protégée (Amp) » pour lutter contre la pêche illégale et destructrice dans les eaux du parc national terrestre et marin de Douala-Edéa. « Nous allons élaborer des lignes directrices pour les zones marines protégées au Cameroun et un plan de gestion pour l’Amp de Douala-Edéa. Cela guidera l’exploitation durable des ressources marines côtières », annonçait alors le Dr Gordon Ajonina qui voyait déjà le danger venir, étant donné, affirme-t-il que le Cameroun avait déjà reçu un carton jaune de l’UE quelques années plus tôt. « Le Cameroun a pris des engagements sur le plan international dans le cadre des Objectifs du développement durable (Odd). La protection du milieu marin est l’Odd 14. Or, la manière dont se fait la pêche est de nature à détruire tout. Les pêcheurs utilisent des produits chimiques qui sont nocifs, ils prennent même les alevins qui doivent reconstituer la population… », s’indigne-t-il.

« Les navires viennent parfois dans la nuit et arrachent nos filets de pêche. Les chalutiers pénètrent dans notre zone, ils tuent et parfois abandonnent les poissons dans la mer », a indiqué Zacchaeus Stephen, président d’une association locale de pêcheurs du village de Yoyo.
9500 tonnes de poisson sont exploitées illégalement chaque année par des navires de pêche industrielle appartenant pour la plupart à des Asiatiques.
Un article publié sur le site de la Banque mondiale en février 2022 revèle que: “les océans constituent le plus grand puits de carbone de la planète, absorbant 90 % de l’excès de chaleur dû au changement climatique. Puits de carbone très efficaces, ils emprisonnent également 23 % des émissions de CO2 d’origine humaine”
Le Cameroun a encore la chance de se ressaisir puisque la Commission coopère avec les pays listés pour les aider à résoudre leurs manquements.