Au fil des années, de plus en plus de femmes s’intéressent à la santé de leurs seins grâce aux campagnes organisées durant ce mois ; mais leurs compagnons restent peu enthousiastes.
Par Sintia Dounang
« Octobre rose », mois dédié à la lutte contre les cancers, précisément celui qui affecte le sein. Pour l’occasion, de nombreuses initiatives sont prises par différentes structures pour accentuer la lutte depuis quelques années. C’est le cas de l’Association des volontaires pour la promotion des soins palliatifs (VOPACA) qui a été sollicitée par la société Olam (distributeur du riz Mémé cassé) pour une campagne de sensibilisation.
Autopalpation

Sur les quatre week-end du mois d’octobre 2023, l’association a pris d’assaut quelques grandes surfaces des villes de Douala et Yaoundé. Dans cette dernière ville particulièrement, les campagnes de dépistage se sont déroulées à Playce et à Mahima Warda. Ici, des femmes de 24 ans au moins passent en consultation. « Après l’identification, il y a la première phase de sensibilisation qui est axée sur la transmission des connaissances sur la définition même du cancer, les principaux facteurs de risque, les signes qui peuvent attirer leur attention, comment prévenir et les gestes à adopter ; étant donné que certains l’assimilent à la mort ou à la sorcellerie. Après cette sensibilisation, l’équipe de médecins présents passent à la consultation, puis le dépistage qui se fait gratuitement », explique Marcelle Josiane Amoumba, experte en soins palliatifs et par ailleurs représentante de l’association VOPACA à Yaoundé.
Un constat est fait. Par rapport aux années précédentes, la campagne est beaucoup plus courue. « On se rend compte de façon globale cette année, que plusieurs structures et associations ont fait écho du mois d’Octobre rose. Pour les deux week-end que nous avons effectué à Yaoundé, près de 250 personnes ont été enregistrées ». S’il est vrai que le cancer du sein vaut pour les deux sexes, la réalité au terme de cette campagne à Yaoundé ne le démontre pas. « Sur plus de 250 personnes, on n’a enregistré que cinq hommes. Ils pensent que seulement les femmes font le cancer du sein mais c’est faux. Les hommes ont les seins et le font également. C’est un combat qui doit se mener ensemble. Ils sont même en train de transformer le concept. Ils parlent plutôt de succion pourtant nous parlons de palpation et d’autopalpation », détaille l’experte.
Parmi les personnes consultées à Yaoundé, 29 cas suspects de cancer du sein ont été enregistrés. « On a eu des cas suspects. C’est-à-dire qu’il a un des symptômes décrits qu’on a détecté. Ce qu’on fait c’est une prescription pour rencontrer immédiatement un médecin afin d’en avoir le cœur net. Cela peut être un symptôme banal tout comme il peut être inquiétant, signe que la maladie est en train de commencer. Pour ce qui est du suivi, nous nous chargeons simplement de les mettre en contact avec nos partenaires qui peuvent les aider à faire la mammographie qui est le premier examen après qu’on a détecté les premiers signes », précise Marcelle Josiane Amoumba.
séance de démonstration

Le cancer du sein peut être dû aux facteurs hormonaux (les premières règles avant 12 ans, la ménopause après 50 ans et les contraceptifs hormonaux) ; l’obésité ; la sédentarité ; la consommation excessive d’alcool, la présence d’une anomalie génétique, entre autres. Il existe des gestes préventifs l’autopalpation mammaire mensuelle trois jours après les règles ; la mammographie bilatérale tous les deux ans après 50 ans, pour le prévenir ou détecter les lésions. À cet effet, Marcelle Josiane Amoumba conseille de rencontrer un médecin en cas de changement ou de doute. « La plupart des malades quand on leur demande, elles affirment que ça fait longtemps qu’elles ressentent la boule. Elles ne savaient pas que c’était un signe qu’il fallait aller à l’hôpital. Si elle y était allée on pouvait gagner avec une prise en charge qui allait vite commencer. On s’est rendu compte que beaucoup de femmes victimes de cancer du sein arrivent tard à l’hôpital. Pourtant on en guéri. Si on accentue la sensibilisation et le dépistage, on gagnerait en taux de guérison », conclut-elle.