
Par Adrienne Engono Moussang
Jamais pareil déferlement ne s’est observé au stade Paul Biya en face de la pharmacie Elobi à Tchinga dans l’arrondissement de Yaoundé IV. Des hommes de tous âges et de toutes cultures assis sur des chaises attendent chacun son tour pour passer devant des équipes déployées par l’organisation non-gouvernementale (Ong) Moto Action. Il est environ 14h30, le 8 novembre 2022, sous un soleil de plomb, une musique distillée par une discothèque installée sur le site permet d’adoucir la chaleur. Ces hommes ont répondu à l’appel de l’Ong dans le cadre de son projet « Pour nous les hommes »
Marie Thérèse Bamabilatena, chef du projet « Pour nous les hommes », explique : « Cette activité s’inscrit dans le cadre du mois camerounais du VIH. L’originalité de notre activité qui bénéficie du soutien financier de la Fondation de France est qu’elle a une approche multi-pathologique ; nous procédons au dépistage des maladies comme le diabète, le paludisme, l’hypertension artérielle, les infections sexuellement transmissibles, en plus du VIH ».
« Nous avons organisé cette campagne avec l’aide des mobilisateurs communautaires qui se sont chargés de remettre des tickets. Ce sont les personnes qu’ils ont touchées qui sont arrivées ici. 150 hommes vivant en coupe et âgés de plus de 18 ans sont visés pour cette campagne qui se déroule en deux jours (du 8 au 9 novembre 2022) », ajoute-t-elle.
« Nous avons aménagé des stands : un stand d’évaluation des risques, où l’usager décline son âge, sa situation familiale, on évalue vos risques en matières du respect des droits des femmes, des connaissances sur le VIH, les préjugés, etc., un stand de sensibilisation avec un quiz et un stand dans lequel sont prélevés les différents paramètres. Il y a là-bas un psychosocial, une infirmière, un médecin », précise Mme Bamabaletena.
« Nous allons accompagner tous ceux qui sont testés positifs au VIH ; ils iront faire des tests de confirmation, nous allons les assister pendant six mois dans la prise de leur traitement, jusqu’à ce que leur charge virale soit indétectable », promet-elle.
« Le projet « Pour nous les hommes », indique-t-elle, doit se dérouler dans tous les districts de santé de Yaoundé ; il a commencé dans le district de santé de la Cité verte et là nous sommes dans l’aire de santé de Tchinga où la population a une culture un peu différente par rapport à la santé sexuelle de la femme. Parmi les difficultés rencontrées, celle liée à accès aux femmes parce que dans cet environnement c’est l’homme qui a le dernier mot. Les barrières linguistiques aussi ne facilitent pas la tâches. L’autre problème, c’est le financement ; la plupart de nos projets sont à la fin, il nous faut encore monter des documents pour lever des fonds ».
L’enquête Camphia dont les résultats ont été publiés en 2018 indique qu’au Cameroun, la prévalence est de 3,4% dans la population globale ; 4,8% des femmes de 15 à 49 ans sont infectées contre 2% d’hommes. D’autres études réalisées par des Ong apprennent que 25% de nouvelles infections se retrouvent dans les couples.