Président sortant de la Commission pour les forêts d’Afrique centrale, le ministre camerounais des Forêts et de la Faune exprime par ailleurs ses attentes sur la 28ème Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Cop28) prévue à Dubaï cette année.
Par La Rédaction
Les pays de la Commission pour les forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) sous-région qui abrite e Bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète, vont participer à la Cop28. En votre qualité de Président de cette commission, pensez-vous qu’il est possible pour ce groupe de parler d’une seule voix à ces rencontres internationales ?
Reconnaissant l’importance économique et écologique de ces écosystèmes, ainsi que les menaces croissantes qui pèsent sur eux, les chefs d’État et de Gouvernement des pays d’Afrique centrale se sont engagés en mars 1999 à Yaoundé, à travers la « Déclaration de Yaoundé », à œuvrer de manière concertée à la conservation et à la gestion durable des écosystèmes forestiers de leurs pays pour soutenir les efforts de développement économique et social de leurs populations. Depuis lors avant la participation de la sous-région au dialogue international en lien avec l’environnement les Etats membres de la COMIFAC adoptent toujours une position commune en vue de parler d’une seule voix. Cependant il arrive parfois qu’on ne s’accorde pas sur un sujet mais on finit toujours par faire des compromis.

Pendant votre mandat à la tête de la COMIFAC, des reformes ont été entreprises, dont l’élaboration, par les pays du Bassin du Congo d’un document d’engagement et un appel pour un financement équitable. Quel impact cela peut-il avoir sur la préservation des forêts ?
Cette déclaration réaffirme l’engagement des Etats membre de la COMIFAC pour la conservation et la gestion durable et concertée des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale pour le bien-être de nos populations. Ainsi cette déclaration va renforcer la préservation de nos forêts et ce qui va augmenter les services écosystémiques de nos forêts notamment le bilan carbone qui est estimé aujourd’hui à 610 millions de tonne par an.
Les problèmes de financement des pays forestiers et notamment le Bassin du Congo restent le ventre mou de ces négociations sur le climat avec l’article 6. Pour cette Cop 28, quel pourrait être l’argumentaire autour duquel les pays de la COMIFAC peuvent s’appuyer pour espérer enfin décrocher la finance verte ?
Notre argumentaire sera construit autour des services écosystémiques que nos forêts fournissent à l’humanité tout entière notamment l’absorption des Gaz à effet de serre (le bilan net carbone de la sous-région est estimé aujourd’hui à 610 millions de tonne CO2 par an). C’est-à-dire que nos forêts enlèvent de l’atmosphère 610 millions de tonnes de CO2 par an qu’émettent les pays développés.
Parmi les activités de préparation de cette Cop28, il y a eu le Sommet des trois Bassins forestiers à Brazzaville au cours duquel vous avez représenté le chef de l’Etat. Et cours de cette rencontre, il s’est dit qu’il y ait une coopération entre les Bassins, seulement, l’on a semblé voir la COMIFAC reléguée au dernier rang… vous qui avez présidé aux destinées de cette institution, pouvez-vous nous situer sur ses véritables problèmes ?
La COMIFAC a participé activement au deuxième Sommet des trois bassins forestiers tropicaux en tant que partenaires techniques tout comme les autres organisations intergouvernementales des deux autres bassins. En 2011, le premier Sommet avait été organisé par la République du Congo et la COMIFAC. Ce deuxième Sommet a été organisé par la République du Congo et la Commission Climat du Bassin du Congo (CCBC). Lors de son intervention à Brazzaville à l’occasion du sommet sus-évoqué, le président du Burundi président en exercice de la COMIFAC a bien relevé l’importance de cette institution ainsi que le rôle qu’elle joue dans le Bassin du Congo. Il ne m’a pas semblé que c’était un organisme de second rang dans son secteur de compétence.

Après trois années à la présidence de la COMIFAC, vous laissez le siège de la Commission pour les forêts d’Afrique centrale entièrement construit ici à Yaoundé. Vous avez participé pour le rehaussement de son image. Toutefois, il y a encore des défis. Quels en sont les principaux ?
Le principal défi est la mise en place d’un mécanisme de financement durable de la COMIFAC. Actuellement le fonctionnement de notre institution est assuré par des contributions égalitaires annuelles des États membres. Malheureusement tous les Etats ne payent pas et accumulent des arriérés importants.
Quelles sont vos attentes pour les pays du Bassin du Congo à quelques jours de la Cop28 qui se déroulera à Dubaï aux Emirats Arabes Unis?
Nous espérons que les pays développés vont prendre des engagements fermes pour le financement juste et équitable de l’action climatique. Nous attendons aussi : la clarification du mécanisme de financement des pertes et préjudices, l’adoption des mesures claires pour accélérer la transition énergétique, l’adoption du tout premier bilan mondial sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris et la définition des mécanismes clairs pour le paiement des services écosystémiques des forêts.