Jean Faustin Ngueyep Njossu: Notre niveau de transformation n’est pas bon

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    Le président du Groupement de la filière bois du Cameroun explique pourquoi le Cameroun a  ajourné l’application de la mesure de la CEMAC interdisant  l’exportation des grumes dès janvier 2023. 

    Par la Rédaction

    Comment, à votre niveau, gérez-vous les problèmes posés par la loi des finances de 2023 à la filière  bois?

    Nous avons décrié une augmentation de manière exagérée des droits de sortie depuis cinq ans; une augmentation en valeur relative de 243% pour le bois en grumes et 165% pour le bois transformé. En valeur absolue, là où nous payions 100.000Fcfa (environ 200$USA Ndlr) de droit de douanes pour les grumes, nous devons payer 343.000Fcfa et 265.000Fcfa pour le bois transformé. Ces très élevés vont simplement tuer la poule aux œufs d’or.

    Combien d’emplois sont-ils comme cela menacés?

    Au niveau du Groupement de la filière bois, qui n’est pas le seul syndicat, ce sont 15.000 emplois environ. Mais globalement, l’on peut évaluer à 25.000 emplois.

    25.000 emplois menacés du fait de la loi des finances?
    Oui, à cause de la loi des finances et  aussi  de l’interdiction de l’exportation des grumes.  Nous avons posé un certain nombre de préalables qui sont en train d’être étudiés. Les populations pensent, à tort, que c’est toute grume qui doit être exportée. Je dis non, pour plusieurs raisons. D’abord nos unités de production fonctionnent jusqu’ici 24h/24. Ce qui fait que pour renforcer la transformation, il faut un certain nombre de mesures. Il faut renforcer le matériel de transformation.  Celui-ci ne se vend pas en vitrine. Il faut le commander, le réceptionner et l’installer. Deux ans  sont nécessaires pour faire fonctionner une scierie, par exemple. Deuxièmement, ce ne sont pas toutes les grumes transformées en l’état actuel qui sont commercialisables ; notre niveau de transformation n’est pas bon. Il y a un problème d’accès à l’énergie; la plupart de nos produits sont issus de la transformation avec des générateurs, avec des groupes électrogènes. Vous ne pouvez pas faire des lambris et des portes avec des groupes électrogènes et être compétitif. Autre chose, lorsque vous gardez le bois en grumes en brousse, vous augmentez le taux de chômage de 40%
    Que proposez-vous pour sortir de cette situation étant donné que le Cameroun doit s’arrimer à cette décision de la Communauté économique d’Afrique centrale (CEMAC)?

    Nous avons eu des réunions coordonnées par le Premier ministre, nous avons pris en compte toutes les préoccupations pour que le Cameroun puisse appliquer cette décision de la CEMAC.  Nous avons l’habitude de citer le Gabon en exemple. Mais le Gabon n’est pas aussi avancé dans la transformation du bois que le Cameroun qui a un problème d’énergie. Par ailleurs, l’on pense souvent que l’exploitant forestier est aussi celui qui fait les portes. C’est un autre métier avec d’autres acteurs qui doivent être bien formés. Il se pose un problème de disponibilité d’artisans bien formés au Cameroun à tous les niveaux. Il n’est pas facile de trouver un bon plombier, par exemple. Le Cameroun est un pays en pleine construction et nous avons besoin des normes. Si nous prenons le cas d’un immeuble bâti, chaque porte a ses dimensions. Or, dans les pays avancés, vous allez dans une quincaillerie, vous achetez votre porte parce que c’est normé.  Normalement, les industriels ne devraient pas attendre que des individus passent des commandes pour fabriquer telle ou telle chose. Ils produisent en séries pour alimenter l’économie d’échelle. Voilà autant de réalités méconnues du commun des Camerounais qui fait des procès aux exploitants forestiers comme si ces derniers étaient contre la transformation des grumes. Nous sommes des Camerounais, nous souhaitons qu’il y ait transformation c’est une chaîne de valeurs; en plus, cela augmente notre Produit intérieur brut (Pib).