Grippe aviaire :: Le Cameroun en épidémie

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Après avoir confirmé la présence de l’épizootie, les autorités de la région de l’Ouest, bastion de la filière avicole ont demandé aux éleveurs d’abattre tous leurs stocks.

Par Adrienne Engono Moussang

C’est officiel depuis le 6 février 2022, le Cameroun est en épidémie de grippe aviaire. En fait, la région de l’Ouest, considérée comme le plus grand bastion de production de la volaille est encore frappée.

Les spécialistes de la santé animale définissent la grippe aviaire, ou « grippe du poulet » comme étant une affection contagieuse causée par des virus grippaux « A » ne contaminant normalement que les oiseaux et, plus rarement, certains mammifères tels que les cochons. L’abattage rapide des sujets atteints dans les foyers recensés peut permettre de freiner l’évolution de l’épidémie de cette grippe très contagieuse dont quelques souches (H5N1, H7N3, H7N7 et H9N2) peuvent contaminer l’homme.

Cette autre épizootie survient après celle qui a secoué la filière en 2020, en pleine pandémie de Covid19 et dont n’arrivent pas toujours à se remettre les aviculteurs. Ceux-ci qui chiffraient les pertes à cette période-là à quatre milliards de FCFA, soit 200 millions de dollars.

Déjà fragilisée par la grippe aviaire de 2016 et aggravée par le COVID-19, l’élevage de la volaille au Cameroun peine toujours à trouver un équilibre. « La filière avicole a été sérieusement impactée par le coronavirus. Au début du confinement, beaucoup de poussins ont été détruits, le prix des œufs a chuté de manière drastique, les médicaments vétérinaires ne se vendaient plus », se plaignait un des responsables de l’Interprofession avicole.

Le Cameroun n’arrive pas à se passer de l’extérieur pour booster la filière avicole. C’est cette dépendance qui favorise la présence de la grippe aviaire au pays, d’une part. Car, à en croire certains responsables de l’Interprofession avicole (Ipavic), les intrants proviennent des pays frappés par cette maladie.

D’autre part, la fermeture des frontières suite au coronavirus a redonné aux œufs et aux poulets leur notoriété d’aliments pour nantis d’antan. Les prix n’ont de cesse de s’envoler. Il faut débourser 2000Fcfa quatre dollars, voire plus, pour une alvéole d’œufs qui coûtait 1500Fcfa et 5000Fcfa pour un poulet de moins de 2,5 kilogrammes que l’on achetait à 3000Fcfa ou moins, il y a une année. Ce qui pourra s’empirer dans les prochains jours et contribuer au renforcement de l’insécurité alimentaire.

Une filière orpheline

« La grippe aviaire de 2016 qui n’a pas été gérée selon les normes standards, comme cela se fait en Europe », se plaignait Léopold Kamga responsable de l’Ipavicpour l’Ouest et le Nord-Ouest, lors de l’épidémie de 2020.

Pour celui-ci, les problèmes de la filière avicole au Cameroun remontent à 2016 avec l’épidémie de grippe aviaire. « Ce qu’il se passe dans la filière avicole actuellement est une conséquence directe de la grippe aviaire de 2016. Elle a été mal gérée. Avant que la crise du COVID-19 n’arrive, le secteur avicole était à 50% de sa capacité de fonctionnement. La grippe aviaire n’a pas été gérée selon les normes standards, comme cela se fait en Europe. Par exemple, dès qu’une ferme est attaquée, on l’isole et on laisse les autres fonctionner. Ici, toute la région a été bouclée. Ce qui fait que cela a entraîné des conséquences très graves. Au point où, tous les acteurs ont subi le coup de cette grippe aviaire », explique Léopold Kamga. Ses propos semblent avoir été entendus si l’on s’en tient aux correspondances personnalisées qu’adresse le gouverneur de la région de l’Est, Awa Fonka Augustine aux aviculteurs.

Toutefois, l’encadrement des éleveurs reste un problème. La filière reste orpheline. « Nous attendons toujours l’accompagnement du gouvernement pour que nous sortions des difficultés que nous traversons depuis près de cinq et qui se sont accentuées avec la crise du coronavirus. Jusqu’ici nous n’avons rien reçu », indiquait M. Kamga.