mercredi, novembre 29, 2023
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Forêts :: Autonomisation socioéconomique :: Le bambou, la plante du futur pour les communautés rurales au Cameroun

Le développement de la filière constitue une niche d’opportunités pour améliorer leurs revenus et les conditions de vie.

Par KENFACK T. de retour de Lom Pangar, Ngwei et Akomnyada avec l’appui technique et financier de Rainforest Journalism Fund et du Pulitzer Centre

Des parcelles qui s’étendent à perte de vue dans les localités d’Akomyada 1 et 2 et d’Avebe dans la région du Centre-Cameroun. Une plante qui n’est pas identifiable à première vue, parce qu’elle n’est pas ancrée dans les pratiques agricoles des communautés locales au Cameroun. Pourtant, le bambou, puisqu’il s’agit de lui, prend du galon. La plante est de plus en plus vulgarisée pour améliorer les conditions de vie et de bien-être des populations. A Lom Pangar 1, région de l’Est du Cameroun, Laminou s’est positionné dans la transformation du bambou en objets d’art. Le produit forestier non-ligneux lui permet, ainsi qu’à son équipe de six personnes, de fabriquer des chaises, des tabourets, des instruments de musique proposés aux touristes et chercheurs. « Nous proposons les chaises à 25 000 F (44,3 dollars US) l’unité. Le tabouret coûte entre 2500 (4,4 dollars US) et 5000 F (8,8 dollars US) quand on ajoute la peinture », indique Laminou. Sur le plan de la pharmacopée traditionnelle, ce dernier explique que les chaussettes faites à base de bambou ont des vertus thérapeutiques pour les personnes souffrant de diabète et de problèmes cardiaques, etc. A Akom 2 dans la région du Sud, un groupe de femmes réunies autour de l’association TBC/ALLFOR, fabrique du thé à base de bambou dont le sachet est vendu à 2000 F (3,5 dollars US).

Du bambou

L’Ong camerounaise Forêts et Développement rural (FODER) fait de la vulgarisation de la plante son cheval de bataille. « La plupart du temps, on pense que le bambou n’est envahissant. Or, la promotion de sa culture à large échelle pourrait contribuer à sortir plusieurs communautés de la pauvreté et de la précarité », déclare le coordonnateur du FODER, Christophe Justin Kamga. Les interventions du FODER s’inscrivent dans le cadre des projets « Inter-Africa Bamboo Smallholder Farmers Livelihood Development Programme » et « Supporting Landscapes Restoration and Sustainable Use of local plant species and tree products for Biodiversity Coservation, Sustainable Livelihoods and Emission Reduction in Cameroon ».

Par ailleurs, elles sont adossées à la réalisation de l’ODD 13 (« Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques »), qui vise à restaurer la productivité des terres et des paysages dégradés, à séquestrer le carbone de l’atmosphère pour lutter contre le changement climatique et à améliorer la nappe phréatique dans les paysages dégradés. Il y a également la volonté pour FODER d’atteindre les objectifs de la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes.

Pépinière pour bambou

Plaidoyer pour transformer la ressource

Dans le cadre de la mise en œuvre d’un mémorandum d’entente signé le 23 mai 2017 avec l’Organisation internationale pour le bambou et le rotin (INBAR; International Bamboo and Rattan Organisation) pour une période de cinq ans, l’organisation a travaillé avec les artisans du Centre, du Littoral (Melong et Nkongsamba), de l’Ouest (Dschang), du Sud (Akom 2 et Bipindi), de l’Est, de l’Adamaoua (Banyo) du Nord (Garoua) et de l’Extrême-Nord (Maroua). L’idée est de vulgariser le planting du bambou. Les activités menées entre 2019 et 2020 ont permis de former plus de 984 artisans dont 78 petits producteurs (parmi lesquels 31 femmes et 33 jeunes) au développement des pépinières de bambou, dans les régions du Centre, de l’Ouest, du Sud et du Nord. Sur la même période, 850 personnes ont reçu une formation sur les techniques de récolte de bambou, tandis que 201 artisans ont été formés sur le traitement post-récolte. L’enjeu est de donner une valeur ajoutée au bambou, à travers sa transformation du bambou.

Dans la localité de Ngwei, département de la Sanaga-maritime, région du Littoral, le bambou couvre environ 50% de l’arrondissement. Alors que plusieurs villageois s’activent à détruire la ressource parce qu’elle serait « envahissante », Emilienne Pulchérie Mongo y voit plutôt une opportunité pour développer une industrie du cure-dents. « Nous sommes obligés d’importer alors les cure-dents que nous pouvons pourtant fabriquer sur place. L’activité va générer des revenus et des emplois. On peut envoyer les femmes et les enfants suivre une formation spécifique afin de mettre en place une structure de transformation sous forme de coopérative qui soit bénéfique pour la communauté. Ce qui nous permettra d’être financièrement autonomes », explique Emilienne. A ce sujet, M. Kamga du FODER voit davantage en le bambou une ressource qui doit rentrer dans le circuit économique. A son avis, les machines pour transformer le bambou en produit fini coûtent à peine 15 millions de F, soit 26 620 dollars US. « Les communes peuvent se lancer dans la production des cure-dents au lieu de les importer de la Chine, surtout que la matière première est disponible localement. Le marché est porteur au regard des ménages, des restaurants, des hôtels qui utilisent le cure-dents au quotidien. Il suffit juste de mettre du sérieux pour développer et faire décoller la filière. A Mbalmayo, un particulier a déjà créé son usine. Les communes doivent emboîter le pas pour améliorer leurs recettes », poursuit notre source.

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