vendredi, septembre 29, 2023
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Extraction minière :: Comme au champ de guerre

L’on se bat ouvertement pour le contrôle du gâteau, au grand-dam des populations et de l’environnement qui perdent ce qu’ils ont de plus cher.

Par Adrienne Engono Moussang

« Est déclaré nul et de nul effet, le mémorandum d’entente signé le 18 février 2022, entre la Société nationale des mines (SONAMINES) et la China Railways N°5 Engineering Group. Co Ltd (CREG 5), en vue du développement, du financement et de la mise en œuvre des projets miniers et d’industries connexes au Cameroun, concernant notamment les travaux de recherche sur les prospects bauxitiques de Ngaoundal et Makan dans la région de l’Adamaoua ». Telle est la substance de la décision du ministre des Mines de l’Industrie et eu Développement Technologique, Gabriel Dodo Ndoke (MINMIDT). Dans cette décision qui date de 21février 2022, le MINMIDT indique qu’il s’agit de la « Violation de la législation minière camerounaise dans l’attribution des titres miniers, de conclusion et signature des contrats, précontrats, conventions et autres accords portant administration et gestion des ressources minérales du sous-sol camerounais, prérogatives exclusives de l’Etat ».

Si l’on se réfère à l’article 7 de la loi n°/010 du 12 juillet 2017 portant statut général des établissements publics qui prévoit que « la tutelle technique le MINMIDT NDLD a pour objet de s’assurer que les activités menées par l’établissement public sont conformes aux orientations des politiques publiques du gouvernement dans le secteur d’activités concerné, sous réserve des compétences reconnues au Conseil d’administration », l’on peut dire que Gabriel Dodo Ndoke a stoppé un autre cas d’extraction minière illégale. Ce qui reste difficile à confirmer. La décision n’en dit pas suffisamment. Et du coup, une certaine opinion pense que le ministre voudrait défendre ses intérêts. En effet, les permis de recherche de Canyon Ressources sur les gisements de bauxite de Ngaoundal et Makan sont échus depuis juillet 2021. Cette société avait alors  engagé les dossiers pour le renouvellement de ces permis acquis le 18 juillet 2018. Il était précisé que ces permis avaient une durée de trois ans non renouvelables. C’est donc fort de la clause édictant ce caractère non renouvelable des permis de Canyon Ressources qui a conduit la Sonamines à signer un Mémorandum d’entente avec la société chinoise Crec 5 dans le cadre de développement des gisements de bauxite de Ngaoundal et de Makan, ainsi que la mise en place des industries connexes. Toute chose qui sera mal vue par le ministre Gabriel Dodo Ndoko. D’où sa sortie pour annuler ce Mémorandum d’entente. A la Sonamines, on se réserve de tout commentaire  sur cette décision de la tutelle. Cependant, à la société dirigée par Serge Hervé Boyogueno, l’on se contente de faire remarquer que la signature de ce document fait également partie des prérogatives de cette entreprise publique qui est une entité autonome, et non une direction du ministère des Mines.  Toutefois, quel que soit le bout par lequel l’on prend l’affaire, l’on est en droit de dire que malgré la création de la Société Nationale des Mines (SONAMINES) qui a suscité tant d’espoir, les choses ont du mal à changer. Les réalités dans la filière minière au Cameroun restent inquiétantes. Pour le politiste Patrice Bigombé : « L’absence aujourd’hui d’une politique minière a le risque que ce qui doit se faire dans ce secteur n’a pas fait l’objet d’une réflexion pour dégager la vision que l’Etat du Cameroun veut faire de son secteur minier. On fait une loi, on a une loi certes, mais l’idéal aurait été que la loi repose sur une vision qui aurait été clairement dégagée dans la politique minière du Cameroun. »

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