Et ce, malgré les avertissements du GIEC sur cette pratique aux impacts néfastes sur la santé et sur l’environnement.
Par Pierre Ulrich Edong
Dans l’arrière-pays et les banlieues des grandes métropoles comme Douala et Yaoundé, les cours, comme d’habitation sont envahies par des débris d’herbes brûlées. Les feux de brousse, cette pratique qui consiste à brûler des parcelles débroussaillées ou non, afin de détruire la flore et préparer le terrain pour les cultures et les semis s’intensifie çà et là. Pourtant, Dans son sixième rapport publié le 28 février dernier, le Groupe de travail Inter-gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) indique que les feux de brousse affectent la santé humaine et l’environnement. « Chaque année, entre 2002 et 2016, une moyenne d’environ 423 millions d’hectares ou 4,23 millions de kilomètres carrés de la surface terrestre de la Terre – une superficie de la taille de l’ensemble de l’Union européenne – a brûlé, devenant plus fréquente dans les écosystèmes mixtes de forêt et de savane. On estime que 67 % de la superficie mondiale annuelle brûlée par tous les types d’incendies, y compris les incendies de forêt, se trouvaient sur le continent africain ». Le GIEC prédit une aggravation de ces impacts négatifs des feux de brousse dans les années à venir.
« Les conditions météorologiques dangereuses liées aux incendies de forêt devraient devenir plus fréquentes et plus intenses et durer plus longtemps, y compris dans des zones auparavant non touchées par les incendies. Des incendies de forêt extrêmement intenses peuvent déclencher des orages dans des canaux de fumée qui aggravent les incendies par des vitesses de vent erratiques et génèrent des éclairs qui allument d’autres incendies bien au-delà du front de feu, une boucle de rétroaction dangereuse », relève le rapport du GIEC.
Le changement d’affectation des terres : facteur de risque
Le document révèle que cette situation est due au changement climatique, y compris des températures plus chaudes et des conditions plus sèches avec des sécheresses plus fréquentes. Et de poursuivre : « Le changement d’affectation des terres est un autre facteur de risque, notamment l’exploitation forestière commerciale et la déforestation pour les exploitations agricoles, les pâturages et l’expansion des villes. Une autre cause de la prolifération des incendies de forêt est la suppression agressive du feu naturel, qui est essentielle dans certains systèmes naturels pour limiter les quantités de matériaux combustibles, et les politiques de gestion des incendies inappropriées qui excluent les pratiques traditionnelles de gestion des incendies et les connaissances autochtones. »
Selon le GIEC : « Les incendies de forêt, évacués ou victimes de pertes. La fumée et les particules provenant des incendies de forêt ont des conséquences importantes sur la santé dans les agglomérations sous le vent, parfois à des milliers de kilomètres de la source, avec des impacts souvent exacerbés chez les personnes souffrant de maladies préexistantes, les femmes, les enfants, les personnes âgées et les pauvres. On s’attend également à ce que les changements dans les régimes de feu entraînent une perte massive de biodiversité, mettant en danger plus de 4 400 espèces terrestres et d’eau douce. »
Les incendies de forêt génèrent du carbone noir et d’autres polluants qui peuvent polluer les sources d’eau, favoriser la fonte des glaciers, provoquer des glissements de terrain et des proliférations d’algues à grande échelle dans les océans et transformer les puits de carbone tels que les forêts tropicales en sources de carbone. Le rapport appelle à un plus grand investissement dans la réduction des risques d’incendies de forêt ; le développement d’approches de gestion de la prévention et de la réponse qui incluent les communautés vulnérables, rurales, traditionnelles et autochtones ; et d’autres améliorations dans les capacités de télédétection, telles que les satellites, le radar et la détection de la foudre. Il est encore possible de faire quelque chose pour sauver la planète dont « Près de la moitié de l’humanité vit dans la zone de danger – aujourd’hui et maintenant. De nombreux écosystèmes ont atteint le point de non-retour – aujourd’hui et maintenant », selon le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies, Antonio Guterres, qui s’est exprimé sur le rapport le jour de sa publication.