COP 26 :: Opération de charme réussie par la COMIFAC

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Grâce à son mouvement « Fair Deal », la Commission des Forêts d’Afrique Centrale est parvenue à décrocher, en l’espace d’un mois, une promesse de financement de 1066 milliards FCFA, soit un peu plus de 2000 millions USA $ lors de la Conférence de Glasgow sur les Changements Climatiques.

Par Adrienne Engono Moussang

La Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), est souvent accusée de moins percutante ; malgré son trésor (des forêts de plus de 3,6 kilomètres carrés) objet de tant de convoitises. Ces forêts que des experts qualifient de plus résistantes aux Changements Climatiques que celles du premier poumon écologique mondial (l’Amazonie).

Des rangs qui pourraient être inversés. « Le Bassin du Congo est ainsi reconnu, deuxième poumon vert de la planète et en passe d’être selon les experts du CIRAD et … au vue des effets anthropiques sur l’Amazonie le premier poumon de la planète », selon Jules Doret Ndongo, Président en exercice de la COMIFAC et par ailleurs Ministre des Forêts et de la Faune (MINFOF) du Cameroun qui a présenté le bilan de la participation de la COMIFAC à la 26ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur le Climat (Cop26) tenue à Glasgow, en Ecosse, du 31 octobre au 13 novembre 2021.

70 % de la couverture forestière de l’Afrique

L’équipe à la tête de ce forum sous-régional a finalement pris conscience de sa place dans le monde ; surtout en ces temps où il a été réalisé que la forêt est incontournable pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. « Les experts s’accordent à dire que la déforestation a été l’un des quatre moteurs cibles pour lesquels les réponses appropriées doivent être apportées pour atténuer le dérèglement climatique », révèle Jules Doret Ndongo. C’est en sa qualité de président en exercice du Conseil des Ministres de cette organisation qu’avec le soutien de ses pairs et de la facilitation Allemande du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo, il a compris qu’il était plus bénéfique de parler d’une seule voie. La voie de la COMIFAC, la voie du Bassin du Congo qui à lui seul, rappelle le MINFOF, « couvre 70 % de la couverture forestière de l’Afrique et constitue un important réservoir de biodiversité, qui joue un rôle de premier plan dans la stabilisation des climats aux plans régional et mondial. Sur les 530 millions d’hectares de superficie de ce bassin, 300 millions sont couverts par la forêt, ce qui correspond à un stock d’environ 46 milliards de tonnes de carbone selon les évaluations faites en 2009 par des experts. » Les experts du Groupe Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC), après avoir constaté le risque d’augmentation du réchauffement de la planète et reconnu l’importance des forêts dans la lutte contre les Changements Climatiques, ont interpellé les Etats à sur la nécessité de prendre en compte la réalité climatique à tous les niveaux.

L’initiative n’a pas laissé indifférents certains observateurs

Les pays du Bassin du Congo, plus que jamais déterminés à convaincre lors de la Cop26, vont produire une déclaration commune appelée « Fair Deal ». Celle-ci, la toute première du genre, représente la position commune affirmée sur le plan international des pays de la sous-région. « Elle sera présentée successivement, à Paris lors du lancement de l’initiative de Paris sur les forêts tropicales et à Berlin lors du Symposium sur les forêts tropicales. Au cours de ce Symposium, les pays du Bassin du Congo ont bénéficié d’une dotation spéciale du Parlement Allemand de 125 millions d’euros, soit 83 milliards de FCFA pour saluer et encourager ces engagements communs », renseigne Jules Doret Ndongo. Et celui qui trouve ces promesses comme une récompense des efforts de conservation de poursuivre : « Ainsi, lors de la récente COP26, sous l’impulsion de la République Fédérale d’Allemagne, une dizaine de pays donateurs (la France, le Japon, la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la République de Corée, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et les Etats-Unis d’Amérique plus le Fonds Bezos pour la Terre) se sont positionnés pour une allocation financière de 1,5 milliards de dollars soit 983 milliards de FCFA en faveur des forêts du Bassin du Congo. Ceci fait en l’espace d’un mois un engagement pour une dotation total 1 066 milliards de FCFA (environ 2132 millions USA $, NDLR) pour le bassin du Congo. »

Dr Christian Ruck, le Facilitateur Allemand du Partenariat pour les Bassin du Congo

Plusieurs promesses ont été faites aux pays de la COMIFAC par le passé

L’initiative n’a pas laissé indifférents certains observateurs dont le Dr Christian Ruck, le Facilitateur Allemand du Partenariat pour les Bassin du Congo. « Pour la première fois dans l’histoire des Conférences des Parties, les pays d’Afrique centrale récoltent un engagement financier des donateurs dans le cadre du « Fair Deal » pour accélérer la mise en œuvre de la Déclaration de la COMIFAC de septembre 2021. Il s’agit d’un succès majeur pour la COMIFAC, pour les pays d’Afrique centrale, pour les partenaires du PFBC. Nous sommes dans une dynamique nouvelle pour la COMIFAC et ses partenaires. C’est un début qui annonce une suite heureuse pour le paiement des services écosystémiques des forêts du Bassin du Congo », va reconnaître ce dernier, prêt à accompagner la COMIFAC pour l’obtention concrète des financements promis.

 Il faut tout de même relever que plusieurs promesses ont été faites aux pays de la COMIFAC par le passé, lors des Cop mais elles ne se sont pas toujours concrétisées. « Nous allons à Glasgow pour faire bloc et obtenir des partenaires financiers, l’allègement des procédures pour que nous obtenions de l’argent afin de mettre en œuvre notre Contribution Déterminée Nationale », indiquait Timothée Kagombé, Point focal Changements Climatiques au Ministère de l’Environnement de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED). Le Point focal s’exprimait à quelques jours du début de la COP26.

Les populations autochtones représentent les principales populations directement affectées par l’exploitation des forêts

Cet attrait pour la forêt n’est pas sans conséquences fâcheuses pour les populations riveraines, surtout les peuples autochtones que l’on retrouve dans tous les pays de la COMIFAC. Voilà pourquoi « une autre annonce plus générale sur les forêts tropicales, y compris celles d’Afrique centrale, va concerner la mobilisation d’un montant de 1,7 milliards de dollars US comme appui aux peuples autochtones et communautés locales dans leurs efforts de protection des forêts tropicales », va préciser le Président en exercice de la COMIFACqui va lui-même reconnaître que les populations autochtones représentent les principales populations directement affectées par l’exploitation des forêts.

Née suite au sommet des chefs d’Etat de 1999 à Yaoundé, la COMIFAC, dont le siège est au Cameroun, compte en son sein le Burundi, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé et Principe et le Tchad. Ses forêts font face à l’exploitation forestière, à l’extraction minière, l’agriculture industrielle, aux constructions d’ouvrages. La COMIFAC ploie sous le poids des difficultés de fonctionnement. Il faut recouvrer quelque de 2,5 milliards de FCFA d’arriérés de contribution égalitaires des Etats membres.