Malgré son sous-sol très riche, le Cameroun a du mal à jouir de ses retombées. Ce, au profit d’une exploitation qui profite à des clandestins exerçant au mépris des normes environnementales et sociales existantes.
Uypeg Sammous
Le Cameroun est riche ne minerais (or, diamant, bauxite, fer cobalt, manganèse, calcaire, marbre, etc.). Ce qui peut expliquer pourquoi le pays espère devenir émergeant à l’horizon 2035. En effet, une émergence avec l’exploitation de ses ressources naturelles du sol et du sous-sol est traitée de «scandale minier».
Toutefois, cette richesse était encore entre les mains des pilleurs qui détruisent au passage la nature et la force de travail nationales. Dans l’Adamaoua et l’Est, principalement, le spectacle est souvent ahurissant ; des trous profonds à proximité des villages empêchant les populations de vaquer à leurs activités champêtres, sylvicoles et agricoles ; des trous béants laissés par des orpailleurs. Ici c’est chacun qui se bat pour son ventre. Aux communautés riveraines sont cédés, comme des pièges, des trous béants dans lesquels celles-ci tombent et s’en tirent avec des fractures lorsqu’elles ne décèdent pas. Selon l’ONG Forêts et Développement Rural (FODER), cité par le site d’information InfoCongo : « ces trous miniers ont déjà englouti plus de 30 personnes ». Le paiement de la redevance minière aux communautés riveraines.

Ces mêmes sources chiffrent à 250, le nombre de trous pour la période 2016-2017. Il faut aussi relever la destruction de l’environnement. Et le Secrétaire Général du Centre pour l’Environnement et le Développement (CED), Samuel Nguiffo, de soutenir que l’extraction minière est plus dangereuse pour l’environnement que l’exploitation forestière. Parce que, non seulement il faut raser complètement le site mais il faut aussi détruire le sol en creusant et les mineurs produisent des déchets. « Malgré la promulgation de la loi minière en 2001 et son décret d’application en 2002, qui prévoient le paiement de la redevance minière aux communautés riveraines, le développement local escompté par les collectivités locales décentralisées se fait toujours attendre », constatait en 2017, le Consultant en Environnement et Développement, Joseph Mougou, rapporteur d’un atelier organisé par des organisations de la société civile, les organisations non-gouvernementales et les ministères sectoriels.
Leur constat : « L’avènement de la loi n° 2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code Minier vient capitaliser les échecs et les réussites de la précédente loi de 2001 notamment, l’institutionnalisation de la mine semi-mécanisée qui permettra désormais de faire un distinguo entre les activités artisanales réservées aux personnes physiques de nationalité camerounaise et les activités artisanales semi-mécanisées qui demandent plus de fonds extérieurs. La chute des prix des cours mondiaux a fini par ralentir les activités minières à grande échelle, l’exploitation minière à petite échelle est devenue une activité en pleine expansion au Cameroun. » C’est dire que l’extraction minière, telle qu’elle est faite au Cameroun n’ajoute rien du tout au Produit National Brut (PIB). Une réalité que déplore le site d’information Ilo : « Dans certains pays, la petite exploitation minière, souvent informelle, emploie un nombre beaucoup plus n’important de personnes que le secteur minier formel. Ces emplois sont souvent précaires et loin de répondre aux normes du travail internationales et nationales. Les taux d’accidents dans la petite exploitation minière sont généralement six ou sept fois plus élevés qu’à plus grande échelle, et ce même dans les pays industrialisés. L’emploi des enfants constitue un problème particulier ».