Ces orpailleurs asiatiques poursuivent leurs activités ignorant la circulaire du ministre de l’Industrie des Mines et du Développement technologique les suspendant.
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Le ministre de l’Industrie des Mines et du Développement technologique (Minmidt), Gabriel Dodo Ndoke a suspendu le permis d’exploitation minière artisanale à Kambélé dans l’arrondissement de Batouri, département de la Kadéy, région de l’Est. La raison : « l’inobservation des normes d’exploitation minière artisanale, des règles environnementales et de sécurité, ayant favorisé un accident grave causant des pertes en vies humaines, faits constatés sur le site d’exploitation le 30 mai 2021 », a indiqué le Minmidt dans un communiqué qu’il a signé le 4 juin 2021.
En dehors de ce site qui a été fermé au public, l’activité minière se déroule normalement dans cette localité. Au mépris, non seulement de la circulaire du Minmidt mais aussi des normes environnementales et sociales contenues dans les différents textes qui régissent ce type d’activité, le code minier de 2001 et la loi-cadre sur l’environnement de 1996.

La restitution des sites
Le visage présenté par les localités de Kambélé, Kana et Ketté est simplement choquant ; des centaines de trous à ciel ouvert qui côtoient les populations au quotidien. Lesquelles populations n’hésitent pas souvent à descendre dans ces puits abandonnés après l’exploitation des détenteurs des titres dans l’espoir de trouver quelques grammes d’or et se faire un peu d’argent. A des moments, ces exploitants poussent les riverains dans ces cratères au nom de la générosité baptisée « sassayé », « nguéré » ou encore « nyama ».
C’est dans cette circonstance que Nicolas Wilfried Doula, âgé de 28 ans, conducteur de moto trouvera la mort dans un trou de plus de 10 mètres de profondeur le 18 mai dernier. Ce père de trois enfants n’a pas résisté à la tentation du « sassayé » qu’ont offert les orpailleurs chinois à l’occasion de la fête de l’Unité. Son père, Serma Doula, employé de la Société camerounaise de tabac à la retraite, reconverti dans les travaux champêtres dans son village Trypano par Batouri, et sa mère Adrienne Ngué Doula n’auraient jamais imaginé un tel destin pour leur fils qu’ils ont toujours encouragé à s’occuper par autre chose que le travail dans la mine. Le trou avait englouti plusieurs personnes. Seules celles des villages voisins ont été repêchées. « C’est ce qui arrive ici. Lorsque vous n’êtes pas de la zone, personne ne s’intéresse à ce qui vous arrivent. Il y a des gens qui viennent se débrouiller dans les puits d’or en provenance d’autres départements et même des réfugiés d’autres pays. Ces gens-là viennent de nuit. Or ils ne maîtrisent pas le site. Voilà pourquoi certaines langues pensent que les natifs de la Kadéi meurent moins dans les trous. Or c’est tout simplement parce qu’ils observent bien les sites en journée »,, explique Jean Baptiste Abdoulaziz, originaire de la Kadéi.
La difficile cohabitation
Faute de moyens financiers, Vidal Ngondjo a ramené son jeune frère, blessé par son ancien patron chinois à Kana, à l’hôpital de Ketté. « Nous ne pouvions plus continuer à l’hôpital de Bertoua parce que les 300.000Fcfa que nous a donnés le Chinois qui lui avait tiré une balle gauche s’étaient épuisés », relate-t-il. Des versions sur les raisons de cet autre incident. Pour les uns, la victime s’était introduite sur le site minier bravant l’interdiction du Chinois qui l’a châtié de sa timidité. Un exemple qui illustre la difficile cohabitation entre des investisseurs chinois et les populations locales sur les sites miniers du département de la Kadéi. « Pour les Chinois nous sommes des bêtes. Lorsque nos frères se sont noyés dans le trou, ils n’ont même pas daigné utiliser leurs engins avec lesquels ils nous détruisent les villages pour les repêcher. C’est nous qui nous sommes débrouillés pour les sortir de ces lacs que ces Chinois nous imposent au fil des jours. Le gouvernement nous abandonne à nous-mêmes dans notre propre pays pour la cause des Chinois », se plaint un natif de Batouri, mineur à Kambélé. Là-bas comme à Kana, Ketté et ailleurs dans la Kadéi, l’exploitation minière telle que pratiquée par les pays du pays de Mao Tse Toung est critiquée. « Ils rasent entièrement la terre sans laisser des mottes aux bords. Voilà pourquoi il y a régulièrement des éboulements. Et lorsqu’un accident survient, il est normal qu’on les accuse », soutient un mineur.

Le cahier de charges
Les cours se sont arrêtés au deuxième trimestre à l’école publique de Kana. Un bâtiment fait des murs en blocs de terre reste inachevé. La toiture n’a pas pu être achevée alors que la construction de cette école rentre dans le cahier de charges. Une situation qui accroît la déperdition scolaire chez des enfants qui à peine sevrés pensent déjà à descendre dans les puits miniers à la recherche de l’or. Des enfants qui vivent dans des conditions exécrables, sans eau potable et sans sanitaires. Les cours d’eau sont déviés quand ils ne sont pas fermés ou pollués. Malgré son jeune âge, Djodjo enfant de Kana, ressent déjà les conséquences de l’exploitation anarchique de l’or. Nous avions l’habitude de nager dans cette rivière, mes amis et moi. Aujourd’hui c’est impossible. Mes parents pêchaient souvent du bon poisson aussi ici. Nous ne nageons plus depuis un an parce que les Chinois salissent l’eau en lavant le gravier pour recueillir l’or. Le poisson même n’existe plus ici. Nous nous approvisionnons en eau dans les trous miniers resté ouverts. Certains boivent de cette eau. Nous avons de sérieux problème de santé », se lamente Djodjo.
Selon Marie Pascale Sime, responsable du Centre de santé de Kambelé III, les sites miniers drainent un nombre important de problèmes de santé. Pour celle-ci, des trous non-refermés favorise le développement des larves, la défécation à l’air libre expose les populations aux diarrhée sans compter l’expansion de la consommation des stupéfiants souvent utilisés par ceux qui veulent avoir plus de force pour travailler durement. L’on note aussi la présence des infections sexuellement transmissibles, et la sexualité et les grossesses précoces. Malgré tous ces soucis de santé, les formations médicales sont presqu’inexistantes autour des sites miniers. Toutes les tentatives pour une réaction des Chinois incriminées se sont avérées vaines ; l’or aillant horreur du bruit.
Code minier de 2001
Pourtant, bien qu’aucune précision ne soit définie sur l’interdiction d’utilisation de certains produits chimiques présentant un danger important pour la santé de l’Homme, l’article 87 du code minier de 2001 dispose que « l’exploitation des ressources extractives doit veiller à la prévention ou à la minimisation de tout déversement dans la nature ; la protection de la faune et de la flore ; la promotion ou du maintien de la bonne santé générale des populations; la diminution des déchets dans la mesure du possible; la disposition des déchets non-recyclés d’une façon adéquate pour l’environnement et après information et agrément des administrations chargées des mines et de l’environnement; la remise des sites perturbés en conditions, stables de sécurité, de productivité et d’aspect visuel. » Cette disposition concerne toutes les activités minières et non uniquement l’or.
Le non-respect de ces dispositions et de bien d’autres par des extracteurs des mines inquiètent d’autant plus que l’exploitation minière sur laquelle le Cameroun mise pour l’atteinte de ses objectifs de pays émergent en 2030 est en nette croissance et le sera davantage. L’anarchie observée dans l’exploitation minière faisait perdre un milliards Fcfa au Cameroun chaque année jusqu’au 15 octobre 2020. Toutefois, le secteur est caractérisé par une opacité dans la gestion.
Le Cameroun sort d’une suspension de l’Initiative de transparence sur les industries extractives (Itie) à laquelle il a adhéré en 2005. Cette suspension a précédé la période des évènements tristes sur les sites miniers.

Portrait
Jean Pierre Moussa :: L’orpailleur discipliné
Depuis 30 ans, il exploite l’or dans le respect des normes.
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Appelez-le M. le maire. C’est par ce petit nom que s’identifie Jean Pierre Moussa. Orpailleur depuis 30 ans, sa réputation a franchi les limites de Kana dans l’arrondissement de Ketté où il a siégé comme conseiller municipal à la mairie de localité éponyme.
Un chapeau à larges bords sur la tête pour se protéger de la canicule, Jean Pierre Moussa suit attentivement les mouvements de l’engin qui creuse le sol, à la recherche du précieux gravier qui cache l’or. Il n’est pas le propriétaire du site mais l’exploitant. Le risque vaut la peine. « Le propriétaire du terrain gagne 20% dans la transaction et celui qui exploite 80% », indique-t-il. « Le prix de la location de l’engin est fonction de l’arrangement. Si vous louez l’engin pour trois heures, par exemple, vous payez 100.000Fcfa ($200 USA, presque), l’heure mais si vous le sollicitez pour la journée, vous déboursez 650.000Fcfa (soit $ 1200 USA) et le conducteur met le carburant », explique M. le maire.
L’engin creuse depuis trois jours mais n’a pas encore atteint le gravier. « Ici, à Kana, l’or n’est pas en surface comme dans d’autres zones, il faut creuser à 20 voire 30 mètres pour atteindre le gravier. C’est le gravier qui a l’or », relève-t-il.
C’est dire les risques pour les populations face à un tel trou. Heureusement, « en trente années dans l’or, je referme toujours les trous après l’exploitation », rappelle-t-il. Mais Jean Pierre Moussa reconnait que ce n’est pas tout le monde qui a la même compréhension et que beaucoup de trous restent béants aux risques et péril des populations.
L’orpailleur explique : « nous travaillons avec des partenaires (nationaux) sur place. Lorsque nous rencontrons un propriétaire de site, nous nous engageons auprès du partenaire qui nous fournit les engins après avoir fait une évaluation de la valeur de l’exploitation. Si nos prévisions se chiffrent à cinq millions Fcfa, par exemple et qu’à la fin de l’exploitation, on se retrouve avec sept millions Fcfa, il a droit à ses cinq millions et moi je gagne deux millions. »
En bon père de famille : « Nous ne connaissons pas le « nguéré » ou le « sassayé ». Nous offrons du gravier ceux qui sont venus au chantier pour qu’ils aillent tenter leur chance. C’est le gravier qui contient l’or », révèle Jean Pierre Moussa. Ce que reconnaissent ceux qui attendent le gravier autour de la fausse que forme l’engin.

Bernard Répédé
» Jusqu’ici, seuls deux sites qui ont des notices «
Délégué départemental de l’Environnement de la protection de la nature et du développement durable depuis 2013 souhaite la mise en place d’un comité interministériel afin de limiter les risques environnementaux de l’extraction des mines.
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Depuis quand sont exploitées les mines dans le département de la Kadéi ?
L’exploitation minière a commencé en 2014. Au début c’était des petits exploitants mais 10 ans plus tard, elle a pris de l’ampleur avec des nationaux et des étrangers. Pour le respect des normes environnementales, il y a le code minier de 1996 et la loi-cadre sur l’environnement de 1976 qui prescrivent la remise en l’état du site après l’exploitation. Seulement, le respect de cette exigence est partiel. Il y a des sites qui sont refermés d’autres ne le sont pas.
Que faites-vous lorsque la réglementation n’est pas respectée ?
Les délégations régionale et départementale de l’environnement effectuent des descentes sur le terrain pour la sensibilisation et pour des inspections. Nous infligeons des amendes de trois à cinq millions de francs cfa à ceux qui ne respectent pas la règlementation en vigueur.
Cette amende est-elle vraiment dissuasive pour un exploitant qui empoche 50 ou 100 millions de francs cfa ?
Nous devons nous en tenir à la loi qui a été établie lorsque l’activité n’était pas si intense. Nous remarquons qu’ils ne se plient pas tous. Les exploitants étrangers sont Chinois. Le Coréens étaient-là en 2014, sont partis.
On dénombre des morts presque chaque fois dans les sites miniers, non ?
Il y a des gens qui décèdent par noyades dans les puits restés béants, il y a des éboulements parce que les populations riveraines installent des canaux au départ des Chinois pour continuer à exploiter l’or.
Toute activité est assujettie à une étude d’impact environnemental et social préalable. Est-ce le cas pour ce qui est de l’exploitation minière dans la Kadéi ?
Le véritable problème avec les études d’impact est que les copies des titres délivrés aux exploitants miniers ne sont pas remises au ministère de l’Environnement de la Protection de la Nature et du Développement durable. Souvent, nous découvrons l’activité sur le terrain. Pour rattraper les questions d’impact environnemental, nous avons commencé à adresser des notices environnementales. Et c’est la mairie qui le fait. Et jusqu’ici, seuls deux sites qui ont des notices. Nous souhaitons qu’il y ait un comité interministériel qui regroupe toutes les administrations impliquées dans l’activité minière.
Il doit avoir beaucoup de problèmes environnementaux, notamment la pollution des cours d’eau par des produits comme le mercure…
Trois types de problèmes affectent les cours d’eau à cause de l’activité minière : il y a leur fermeture, leur déviation et leur pollution. Pour ce qui est du mercure, aucune étude n’a été rendue publique attestant qu’il est présent sur les sites miniers. Des prélèvements avaient été réalisés mais les résultats n’ont pas été rendus publics.

Auberlin Mbelessa
Il y a beaucoup de réticence à cause des enjeux
Le maire élu de Batouri en 2020 revient par ailleurs sur les dispositions de la commune pour une embellie de l’activité minière.
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Comment se porte la commune de Batouri ?
Elle se porte bien ; les populations vaquent à leurs occupations. L’activité économique se déroule bien ; le climat sécuritaire aussi. Nous sommes en train d’insuffler une nouvelle dynamique. L’actualité a été dominée ces temps par des nouvelles tristes. Comment les avez-vous accueillies ?
C’est avec tristesse et désolation que nous avons appris ces nouvelles. Les populations se disent abandonnées à elles-mêmes face à ces mastodontes, elles ont quelque part raison. Mais c’est l’impression ; nous avons des services compétents qui suivent ces activités : les délégations des Mines et de l’Environnement, des organisations non-gouvernementales (Ong). Chacun à son niveau essaie de faire ce qu’il peut.
L’exploitation minière artisanale se fait. De temps en temps, il y a des engins. C’est normal que les communautés qui n’étaient pas habituées à ces vrombissements des engins se plaignent. Elles ont l’impression d’être écrasées.
Comment appréciez-vous la présence des enfants sur les sites miniers ?
C’est un problème ! Nous procédons à la sensibilisation. Cela prendra un temps mais nous allons continuer. Pour les substances toxiques utilisées sur les sites miniers, étant donné que ces sociétés sont partout, il nous faut des moyens humains, matériels et logistiques pour nous assurer que les substances dangereuses ne sont pas utilisées dans les trous miniers. Pour la prise en charge des cas, des services judiciaires compétents s’en sont saisis. Il faut sensibiliser les frères. Les responsabilités sont partagées. Il se dit que certains se sont introduits par effraction dans les mines. Suite à un incident survenu il y a quelques années, nous nous étions accordés pour que le nombre de personnes à accéder à la mine soit limité. La mairie a bien d’autres tâches qu’elle ne va pas abandonner pour contrôler les activités dans les sites miniers nous demandons que tout soit fait pour contenir les meutes. J’invite les populations proches de ces sites à prendre toutes les dispositions sécuritaires lors du « Nguéré » ou du « Sassayé » La cohabitation entre les différents groupes ethniques est bonne. Il y a des petits frottements. Par exemple, le cas d’un conseiller municipal qui a été pris en otage pour des besoins de renseignements.
Nous avons créé un service de l’environnement avec un chef de service et des collaborateurs. Il revient aux Chinois de restaurer l’environnement. Nous les convoquons régulièrement après des missions de contrôle et ils payent des amendes. Ce sont des gens qui ont de gros moyens. A l’époque de nos parents, l’exploitation artisanale de l’or ne détruisait pas l’environnement. Nous sommes en train de faire un suivi au niveau de la commune mais il y a beaucoup de réticence à cause des enjeux. C’est un processus qui va prendre du temps.
Cette destruction de l’environnement peut-elle susciter des conflits fonciers entre les agriculteurs d’une part, et les agriculteurs et les éleveurs d’autre part ?
Les conflits entre les bergers et les agriculteurs sont réguliers. Nous avons des partenaires qui nous aident à gérer ces malentendus. Il y a un déferlement sur le terrain pour l’exploitation de l’or mais les retombées concrètes ne sont pas encore visibles.

Abassi Hamadou, chef secteur du Cadre d’Appui et de Promotion à l’Artisanat Minier (Capam)
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Le Capam n’a pas la force de faire plier les exploitants miniers qui ne restaurent pas les sites. Les délégués départementaux, compétents en la matière, le font au travers des descentes sur le terrain pour des inspections et des sensibilisations. Mais cette situation est souvent désastreuse pour les hommes et le bétail. Nous sommes dans une zone d’élevage, souvent en dehors des individus qui tombent dans les trous, les bœufs y meurent aussi. Surtout du côté de l’arrondissement de Batouri et de moins en moins à Kana par Ketté. Les bergers ne se plaignent pas auprès des autorités mais ils essayent d’éduquer leurs troupeaux et ceux-ci savent déjà marcher prudemment sur le terrain à proximité des trous miniers. Les cas de chutes ont diminué. Pour ce qui est de la vente de l’or, nous faisons respecter autant que possible, la grille des prix officielle. Cependant, étant donné que nous n’avons pas de personnel pour couvrir toute la zone, il y a des trafiquants qui profitent pour tromper des populations naïves. Normalement, dans cette zone, le gramme se vend 20 ou 21 mille Fcfa (environ $40 USA). Le prix est fonction du carat.

Marcel Gadji, Président du comité de développement de Kambélé III
Nous nous sentons seuls
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
Les Chinois ont tiré sur un des nôtres. Il est toujours à l’hôpital. Nous sommes obligés de cotiser pour aider sa famille. Ses enfants n’ont pas achevé l’année scolaire. Actuellement, ils sont en train de creuser des tranchées, ils disent qu’ils ont reçu l’autorisation du gouvernement pour le faire. Quand nous nous rapprochons du maire ou même du député de Batouri, ils nous disent qu’ils vont convoquer les Chinois et il n’y aucune suite. Peut-être que les messages que nous envoyons aux Chinois sont mal transmis par nos frères qui leur servent d’interprètes. Dans les cahiers de charges, la communauté doit percevoir 10%, nous ne voyons rien ; le centre de santé, l’école, les adductions d’eau, aucun ouvrage n’a été construit. Au contraire, ils polluent même nos points d’eau qu’ils ont trouvés. Nous nous sentons seuls. Nous sommes exposés aux maladies et à l’insécurité. Récemment, un enfant est tombé dans une tranchée, heureusement qu’il y avait des gens qui l’ont rapidement repêché.

Abdoura Oufou, collecteur d’or
Par Adrienne Engono, de retour de Batouri, Ketté, Kana et Kambélé
On ne trouve pas l’or dans tous les sites. On peut creuser comme ça et ne rien trouver. Cet endroit a été exploité à la main. Les Chinois sont arrivés avec des engins. On vient ici maintenant parce que c’est nous qui avons financé. Mais c’est celui qui nous a sollicités qui extrait l’or du gravier et nous le livre. Ici, nous calculons le prix du gramme 21.000Fcfa, parce que le carat est de 18 à peu près. Le haut de gamme est à 24, 25 carats voire plus. Il se vend à 25.000Fcfa, le gramme et même plus.